FRET
Réorganisation ou filialisation ?
Par Benoît VINCENT
Le 15 mars 2003, l'ouverture à la concurrence et la séparation comptable amènent la direction à proposer une nouvelle organisation du FRET . Est-ce la dernière avant la filialisation ?
Deux événements vont bousculer le fret ferroviaire: l'ouverture à la concurrence à partir de mars du Réseau Trans-Européen de Fret Ferroviaire (RTEFF), et l'obligation pour l'activité de présenter un compte de résultat spécifique interdisant la péréquation entre activités. Ces évolutions à venir, ajoutées à la mauvaise qualité de la production, justifient selon la direction du fret une nouvelle réorganisation. Une de plus !
Un plan d'ultime sauvetage est mis en place, il doit aboutir à une cartographie reposant sur 4 niveaux différents.
La SNCF affirme son ambition de devenir un opérateur logistique, c'est-à-dire un prestataire capable d'offrir des services aux entreprises depuis la sortie de la chaîne jusqu'à la livraison au client final. Mais ce métier d'opérateur logistique ne rentre pas dans le cadre de ceux exercés par l'activité Fret. Pour le Directeur du Fret, F. RoI Tanguy, si l'activité ne dispose pas des compétences nécessaires en interne, c'est à la "branche fret" (c'est-à-dire le groupe), d'exercer cette fonction. Pas question de les acquérir alors qu'elles existent ailleurs! Les missions du pôle chimie sont ainsi transférées à ERMEWA et à Bourgey Montreuil. Fret SNCF restant (provisoirement) l'opérateur logistique sur les produits de grande consommation, le charbon et l'acier. Autre idée force, la production est scindée en grands axes et zones locales, chacun de ces niveaux disposant de ses ressources. Quatre grands axes couvrent le territoire national, sur lesquels Fret organise ses trains de "bout en bout". Entre 12 et 14 zones locales en charge du fret de proximité sont mises en place, sur des zones géographiques ne recouvrant pas les régions actuelles. Enfin, les métiers d'organisateur de transport (le remplissage des trains dans le schéma) seront assurés par deux entités, l'une pour le combiné, l'autre pour le transport conventionnel (train complet + diffus).
Cette réorganisation est-elle de nature à permettre le doublement du fret ferroviaire ? Une chose est sûre, elle est dangereuse car elle entérine le saucissonnage de l'activité et porte en elle les risques d'éclatement de Fret SNCF. Ce qui n'émeut pas la direction du Fret puisqu'elle raisonne désormais en terme de branche Fret. La SNCF est désormais au service de son Groupe ! Derrière la complexité de cette réorganisation se profilent des bouleversements importants pour tous les cheminots qui participent à la production du Fret: réorganisation de la direction centrale (déjà moins 300 emplois annoncés sur un total de 1200); fermetures de triages (ceux où ne seront pas mises en place de zones locales); transfert de missions des PC; spécialisation du métier d'agent de conduite; dispersion au niveau national des effectifs opérationnels et semi-opérationnels et délocalisation en dehors de Paris pour les autres.
Avec la manifestation des cheminots du 26 novembre et le colloque du 7 janvier 2003, la CFDT organise la riposte.