Le projet du Gouvernement En 40 ans, de 1960 à aujourd'hui, on est passé de 4,5% du PIB (Produit intérieur brut) destiné au financement des retraites à 12,5% (+8 points) . Dans les 40 ans qui viennent la richesse nationale devrait au moins doubler. Comment prétendre que l'on ne puisse pas procéder à la même augmentation (passer de 12,5% du PIB à 18,5%) pour faire face à l'évolution du nombre de retraités ?D'ores et déjà, les retraites des salariés du privé subissent une baisse d'environ 20% du fait de la mise en œuvre de la réforme Balladur de 1993 (passage de 37,5 à 40 ans de cotisation, calcul sur les 25 au lieu des 10 meilleures années, indexation sur les prix et non les salaires pour le calcul du salaire de référence) Le Gouvernement entend maintenir cette réforme et le Premier ministre Raffarin déclare "infinançable" un retour aux 37,5 annuités dans le privé. Pourtant, le Conseil d'orientation des retraites (COR), qui regroupe toutes les confédérations syndicales [le Medef a refusé d'y siéger] a chiffré à 0,3% du PIB cette mesure d'égalité entre public et privé. L'objectif est de faire sauter le "verrou" des 37,5 annuités pour les fonctionnaires afin d'amener à 42 ans le public et le privé. Restent les régimes spéciaux [dont celui de la SNCF]. Le Gouvernement peut choisir l'épreuve de force: une attaque frontale survenant une fois que la réforme sera en place partout ailleurs ne ferait plus des régimes spéciaux un rempart face aux attaques contre le régime général (comme en 1995) mais un îlot qu'il convient de réduire. L'asphyxie peut venir tout simplement d'une diminution de la contribution de l'Etat et de la compensation (1) et surcompensation (2) des autres régimes dès lors qu'elles seront calculées sur les critères issus de la réforme aujourd'hui proposée par Raffarin. À cela peut s'ajouter la pression de l'ouverture à la concurrence où la SNCF ne serait plus protégée, ni par sa situation de monopole, ni par un régime de branche couvrant l'ensemble des salariés des différents opérateurs ferroviaires (comme à EDF avec le statut élargi des industries électriques et gazières). Ainsi, les concurrents de la SNCF, n'offrant pas les mêmes prestations sociales à leurs salariés auraient des charges inférieures et pourraient offrir des tarifs commerciaux plus bas. Ce qui pénaliserait les recettes de l'entreprise. (1) En 1974, l'Etat a instauré des mécanismes de compensation entre les régimes de base (appelée "compensation généralisée") (2) En 1985, il crée une "surcompensation" entre tous les régimes spéciaux. Cette opération lui permet alors de limiter son financement aux retraites de ces régimes. |
Les exigences de la CFDT . La CFDT défend le système par répartition. Ce sont les cotisations des actifs d'aujourd'hui qui financent les retraites d'aujourd'hui. Les patrons aimeraient bien gérer cette masse d'argent, d'où l'idée de capitalisation. Mais les cheminots ont déjà donné. Notre régime par répartition (dont les origines remontent à 1934) a remplacé les fonds de pension partis en fumée lors de la crise de 1929. Aujourd'hui, les faillites successives des grands groupes mondialisés et l'effondrement boursier n'incitent pas à rêver à ce nouvel eldorado! . La réforme des retraites doit privilégier l'augmentation des ressources consacrées à leurs financements. Le retour au plein emploi, (y compris à la SNCF) permettrait de redéployer des financements existants (chômage, AMI). L'augmentation progressive des cotisations vieillesse (part patronale et part salarié) est parfaitement supportable si elle s'accompagne d'une politique visant à résorber la précarité et à augmenter les salaires. Des cotisations reposant sur l'ensemble des revenus notamment financiers et, pour les entreprises, sur la valeur ajoutée (et pas seulement sur la masse salariale), accroîtraient les ressources. Le Medef refuse toute augmentation de la contribution des entreprises. Il oublie que sur les 20 dernières années, la part de la masse salariale dans la valeur ajoutée des entreprises a diminué de 9 points au bénéfice des actionnaires. Un fonds de réserve, garanti par l'Etat, permettrait de compenser selon des principes équitables les déséquilibres démographiques et de ressources entre les régimes. . La CFDT a indiqué les objectifs interprofessionnels à atteindre en matière de taux de remplacement (ce que la pension représentera par rapport au salaire de référence) : 100% pour un smicard, 80% pour un salaire moyen, 70% pour les hauts salaires. . Les jeunes rentrent plus tardivement à la SNCF; ils ne doivent pas être pénalisés du fait d'une carrière plus courte que leurs aînés. La CFDT demande la mise en place de modalités permettant la prise en compte des années liées à la précarité, aux études et à la formation. . Enfin, pour les entreprises ferroviaires qui veulent utiliser le réseau ferroviaire français, la CFDT exige que les garanties essentielles du statut des cheminots (et donc le régime de retraite) soient appliquées aux salariés sous peine de dumping social. Tout cela il faudra l'imposer. |